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        Au lecteur, voici quelques lignes concernant ce récit qui n’a pas été imaginé comme un roman historique. Il a été écrit en marge de certaines réalités.

L’inexactitude la plus importante concerne le contexte politique de l’époque Edo. En 1642, le Japon est un pays unifié après la bataille de Sekigahara (Sekigahara no Tatakai), remportée en 1600 par Tokugawa Ieyasu, face aux forces de Mitsunari Ishida combattant pour les Toyotomi. Mettant fin à la période Sengoku, l’ère Edo se caractérise par une réorganisation de l’état et une stabilité contrastant avec les guerres précédentes. Le Shôgunat de l’époque, dirigé par Tokugawa Iemitsu, met en place un système très hiérarchisé qui lui permet de contrôler le pays et les daimyô. Au cours du récit, il est fait référence à la loi du Sankinkotai, qui imposait aux seigneurs une résidence alternée entre la capitale et leurs fiefs. C’était un des moyens permettant de conserver autorité sur ces nobles, en contrôlant leurs finances, activités et fidélité. Il est donc peu probable que des clans se soient livrés à des batailles intestines au XVII° siècle. Hormis le siège d’Osaka en 1615 et la rébellion de Shimabara en 1637, les guerres étaient terminées et une paix relative était instaurée. La grande famine de 1637 montre cependant que la politique de fer de Tokugawa n’avait pas que du bon.

Dans ce contexte d’unification, il faut préciser que les armes à feu européennes avaient été introduites au Japon le siècle précédent. Cependant, au moment du récit, leur prolifération était très contrôlée et elles furent presque abandonnées. C’est la raison pour laquelle il n’en est pas fait référence lors de la bataille du champ de Kuroda, alors qu’on sait que les grandes batailles du XVI° siècle voyaient des armées entières munies de fusils à mèches.

Constituant une cassure remarquable par rapport aux époques guerrières précédentes, l’ère Edo sonna le glas pour ceux que l’on appelait les bushis et qui devinrent les samuraï, simples fonctionnaires armés se battant rarement. L’histoire des Trois Sabres ne pouvait se situer pour moi dans un autre contexte historique, eut égard aux grandes questions qui allaient se poser quant au devenir de cette classe sociale.

De même, il est aussi improbable qu’une personne du statut d'Edo Sojirô ait eu autant de prérogatives auprès des samuraï. Ce personnage est resté pour moi très à l’écart des autres et s’est placé au même plan qu’Enryô : tous deux font preuve d’une présence importante, si bien que le rônin avait finalement gardé une place prépondérante auprès des Gen’ichi au fil des années. Cependant, l’élève n’a jamais pour moi dépassé le maître et Enryô Rinji reste la figure la plus forte du récit, alors qu’il n’apparaît que très peu dans les pages du livre.

Les spécialistes m’excuseront pour les incohérences qui pourraient ponctuer ces lignes. L’histoire des Trois Sabres m’est apparue comme un conte à l’origine incertaine. Son évolution devait rester vague mais cela ne donnait pas suffisamment de matière au récit. J’ai dû m’attacher à certains détails historiques, en prenant la plupart du temps des libertés. Je vous demande de lire ce récit comme une fable, car c’est ainsi que je l’ai imaginé pendant plus de sept ans. Les vies d'Edo Sojirô et Enryô Rinji ne sont qu’une légende et leur sort un moyen d’approcher la poésie que m’inspire le Japon.

Leurs exploits sont de la pure fiction. Toute inexactitude ou erreur n’est que de mon fait.

***

        A la mort de son ancien maître d'armes Enryô Rinji, le rônin Sojirô revient dans la capitale d'Edo, lieu de sa naissance et bastion du shogunat en l'année 1642. Il y retrouve un ancien compagnon d'Enryô pour qui la mort de ce dernier est des plus mystérieuse. Des biens de valeur légués à l'ancien samuraï ont été dérobés dans le sang. Seul témoin du crime, le jeune Tagawa Junichiro, pupille d'Enryö Rinji. Alors que Sojirô tente d'éclaircir les faits, ses pas le mènent sur le chemin des guerriers du clan Satsumi auquel il a autrefois appartenu. Une question de succession secoue à cette période l'ancien fief d'Owari, menacé par un chef rebelle connu du rônin et des autorités. Les deux affaires vont se retrouver étrangement liées.

Facebook Mino Monogatari

©Ueno Sho, 2021

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